g.raimondo - silence de la peinture

 

  La peinture n’oblige ni n’abandonne, n’absout ni ne condamne, ne fixe aucun chemin, aucune règle. Sans cesse en proie au doute, aux incertitudes, elle n’affirme rien de péremptoire ni de définitif. Elle se fraye lentement un chemin façonné de milliers de fragments arrachés au monde et à la vie, avec humilité et angoisse.

  Elle n’a pas de fonction définie une fois pour toutes. Elle tente d’aller vers l’essentiel, qui peut être multiple … une architecture de l’espace, pouvant conduire au sens du monumental et à une sorte de hiératisme non figé mais inscrivant ses courbes et sa lumière dans un univers structuré ; rejetant la rigidité trop grande comme le désordre systématique, pour se diriger vers une certaine ordonnance du monde dans laquelle on peut trouver (peut-être) ce qui est devenu si rare et qui est pourtant si précieux : l’harmonie.

  Classique quand elle obéit à des règles, non-figurative sans être abstraite quand elle se réfère à la réalité, elle peut être aussi le début d’un échange intime et silencieux avec celui qui la regarde.

  Car, face à nous, elle est simplement là ; dans le silence. Et le nôtre est bien la moindre des politesses que nous puissions lui offrir en retour. Du reste, Marcel Gromaire n’écrivait-il pas La peinture échappe au verbe. Cent paradoxes étincelants ne remplacent pas un regard.

Raimondo, 2011.